LĂ©vĂȘque de Bayeux-Lisieux a dĂ©posĂ© au Vatican le 10 mars le dossier Ă©laborĂ© dans le cadre du procĂšs diocĂ©sain en vue de la bĂ©atification et de
Accueil » Documents » Archives religieuses » Un tĂ©moignage sur les exhumations de Sainte Bernadette Soubirous le corps Ă©tait-il intact ou pas ?Dans son Ă©dition web du 22 novembre 2013, le Journal du Centre publie, dans la rubrique Mon Nevers secret », un article, dont voici un extrait Le corps de Sainte Bernadette "intact". 
Celui-ci est retrouvĂ© dans un Ă©tat de conservation extraordinaire. Ce qui suscite encore aujourd’hui de nombreuses interrogations. En 1925, la nivernaise SƓur Marie VĂ©ronique, Ă©tait prĂ©sente lors de l’exhumation du corps de Sainte Bernadette. Sa sƓur aĂźnĂ©e faisait partie du groupe de jeunes filles qui vivaient Ă  Saint Gildard Ă  Nevers. Petite, elle s’y rendait souvent pour les vacances. Elle assistera Ă  la sortie du tombeau de Sainte Bernadette. Au moment oĂč on l’a sorti de son tombeau, il y avait des Ă©vĂȘque, il y avait la police, il y avait des docteurs. Donc lĂ , nous Ă©tions sĂ©parĂ©s, nous Ă©tions en haut et nous avons assistĂ© Ă  tout ça. Et le soir, on nous a donnĂ© la permission de voir le corps de Sainte Bernadette 
 j’ai pu baisĂ© son pied. » Sainte-Bernadette est bĂ©atifiĂ©e le 14 juin 1925. Son corps est placĂ© par la suite dans une chĂąsse de verre et de bronze, dans la chapelle Saint-Gildard Ă  Nevers, visible encore aujourd’hui des visiteurs et des pĂšlerins. Une autre histoire Il existe une autre histoire de ces exhumations [1], un rĂ©cit que je tiens de ma famille, mais je n’ai pas Ă©tĂ© un tĂ©moin direct, puisque je suis nĂ© en 1945 Ma famille a vĂ©cu Ă  Nevers, rue de la Chaussade, dans une petite maison construite par mon arriĂšre-arriĂšre grand pĂšre vers 1860, et que ma famille occupait encore au moment des exhumations [2]. Tous Ă©taient de fervents catholiques, y compris, dans un premier temps mon grand pĂšre qui, aprĂšs avoir envisagĂ© le sĂ©minaire, deviendra socialiste et anticlĂ©ricaliste et terminera dĂ©putĂ© maire d’une grande ville de l’Est. Alors qu’il Ă©tait assignĂ© Ă  rĂ©sidence dans cette mĂȘme maison par les allemands, Il frĂ©quenta en secret Patrice Flynn, 110e Ă©vĂȘque de Nevers, de 1932 Ă  1963. FrĂ©quemment, mes parents prĂ©sents voyaient arriver un homme en costume civil et chapeau, qui s’enfermait longuement avec mon grand pĂšre dans la seconde piĂšce de cette petite maison. Que se disaient-ils ? Personne ne le sait, mais on entendait de grands et frĂ©quents Ă©clats de rire. Les tĂ©moins Ă©taient en grande partie de fervents catholiques. Voila pour relativiser le parti-pris qu’on pourrait me reprocher dans ce rĂ©cit. Mais revenons aux exhumations Il y avait dans le quartier de la rue de la Chaussade, qui s’appelait autrefois rue du carrefour, un brave homme qui faisait du terrassement au cimetiĂšre. Il me semble qu’on l’appelait le pĂšre Martin », mais ma mĂ©moire n’est pas fidĂšle sur ce point. C’est lui qui avait Ă©tĂ© l’homme de service lors de ces exhumations. Il le racontait Ă  qui voulait l’entendre, et tĂ©moignait bien volontiers, que la dĂ©pouille de Bernadette Soubirou Ă©tait en parfait Ă©tat de conservation lors de la premiĂšre exhumation. A Nevers, ce n’est pas une surprise, puisque c’était un problĂšme lors de certains transferts en fosse commune depuis le 19e siĂšcle [3]. Mais le bonhomme Ă©tait formel ce n’était pas le cas les autres fois. Aussi les sƓurs lui avaient intimĂ© l’ordre de se taire. Il aurait alors rĂ©pliquĂ© je dirais ce que j’ai vu, elle avait l’Ɠil pitou », ce qui signifierait putrĂ©fiĂ©, en patois. Et il le racontait, parait-il, Ă  qui voulait l’entendre. Cette version me fut racontĂ©e de nombreuses fois, sans jamais avoir Ă©tĂ© mise en cause par les plus catholiques des proches de ma famille [4]. Alors, intacte ou reconstruite, cette dĂ©pouille, en partie dĂ©pecĂ©e ? Il y aurait bien un moyen pour le savoir et lever les nombreuses interrogations » une expertise indĂ©pendante. Mais c’est une autre affaire
Depuis que j’ai Ă©crit cet article, une polĂ©mique entre Neversois et Lourdais est nĂ©e sur le retour du corps Ă  Lourdes. 200 000 visiteurs par an qui gĂ©nĂšrent 2, 5 M€, par les temps qui courent... des chiffres indiquĂ©s par le journal "La dĂ©pĂȘche" dans un article du 9 mars 2016. Ce qu’écrit Ă©galement le journaliste, et que j’ignorais, c’est qu’il y a Ă  Lourdes des reliques dont un fragment d’une CÔTE de Bernadette !... DrĂŽle de respect sur un corps intact !
2« Discours de S. S. PIE XI lors de l’Approbation des miracles approuvĂ©s pour la BĂ©atification de Ste ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus [11 fĂ©vrier 1923] », [Carmel de Lisieux], Sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus glorifiĂ©e par la Sainte Église, actes officiels et discours pontificaux, Lisieux, 1932. Discours publiĂ© Ă©galement en Joachim Bouflet, Quand ThĂ©rĂšse parlait aux mystiques, Perpignan ArtĂšge, 2019, 244 p., 16,90 €. Étonnante ThĂ©rĂšse de Lisieux 1873-1897 dĂ©clarĂ©e docteur de l’Église en 1997 et qualifiĂ©e, par Pie X, de plus grande sainte des temps modernes ». Elle a un rayonnement surnaturel mondial » auprĂšs de philosophes Henri Bergson, Emmanuel Mounier, Jean Guitton comme auprĂšs d’écrivains, de cinĂ©astes, sculpteurs, chanteurs
 p. 7-9. Et bien des mystiques ont Ă©tĂ© dynamisĂ©s par elle comme le montre ici Joachim Bouflet. Celui-ci, consultant auprĂšs de postulateurs de causes de canonisation, analyse l’itinĂ©raire spirituel d’une vingtaine de mystiques pour qui la sainte de Lisieux a bouleversĂ© leur vie sous-titre. Ces mystiques du XXe et dĂ©but XXIe siĂšcles sont de bien des pays, de l’AmĂ©rique latine Ă  l’Europe et Ă  l’Asie. La majoritĂ© sont des femmes dont certaines bien connues Marthe Robin, sainte Faustine. Plusieurs figurent dĂ©jĂ  dans le Dictionnaire des femmes mystiques, d’Audrey Fella Bouquins, 2013. Parmi les hommes le cĂ©lĂšbre Padre Pio, le jeune vietnamien Marcel Van, et l’italien Don Pietro Gonella 1931-1979, mort Ă  l’ñge de 48 ans, aprĂšs 30 annĂ©es de maladie et quinze mois de sacerdoce p. 237. OrdonnĂ© prĂȘtre en 1978 par autorisation de Paul VI, Don Pietro cĂ©lĂ©brait la messe assis dans son lit Ă  l’intention de tous les souffrants. Joachim Bouflet termine par un chapitre D’autres encore », non des moindres, ce qui pourrait donner lieu Ă  un nouveau livre sainte Edith Stein, saint Maximilien Kolbe
 Le pĂšre Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique de JĂ©rusalem, reconnaĂźt que ThĂ©rĂšse l’a aidĂ© Ă  dĂ©passer l’ariditĂ© de recherches trĂšs techniques. Et Jacques Fesch, Ă  la veille de son exĂ©cution, Ă  27 ans, exprime le soutien qu’il reçoit de ThĂ©rĂšse. Au fil de ces tĂ©moignages, le lecteur reconnaĂźt que ThĂ©rĂšse rĂ©alise des miracles d’un type bien particulier » p. 11. Par exemple quand ThĂ©rĂšse se propose Ă  Marcel Van comme sa grande sƓur » et l’accompagne dans sa vie de priĂšre et dans le discernement de sa vocation p. 201-221. Ces miracles » vĂ©rifient la portĂ©e de la parole de ThĂ©rĂšse Je reviendrai sur la terre pour faire aimer l’Amour ». Ils confirment Ă©galement le propos de l’historien François Huguenin dans Les grandes figures catholiques de la France Perrin, 2016 en sa popularitĂ© posthume, ThĂ©rĂšse est universelle, prophĂšte des temps nouveaux. Elle ouvre la voie Ă  la proximitĂ© de chacun avec Dieu ». PĂšre Pierre Fournier diocĂšse de Gap et d'Embrun 1948 - 2021
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TĂ©moignagesde G.C., lectrice de la revue du Sanctuaire. "-Vers l'Ăąge de 25 ans, j'avais reçu un coup par un animal Ă  la tĂȘte me donnant des maux de tĂȘte frontaux permanents. Aucun mĂ©dicament me
ThĂ©rĂšse de Lisieux 2 janvier 1873 †30 septembre 1897 a tenu une place privilĂ©giĂ©e dans le cƓur des soldats des tranchĂ©es, tant français qu’allemands. Dans l’horreur du carnage, la petite carmĂ©lite, a Ă©tĂ© une sƓur, une confidente et une protectrice pour les Poilus. – Entre 1914 et 1918, le cimetiĂšre de Lisieux devient un lieu de pĂšlerinage trĂšs frĂ©quentĂ© et le carmel croule sous les courriers que les carmĂ©lites ont publiĂ©s sous le nom de Pluies de roses 
 Pluies de Roses Guerre 1914-1918 ; Guerre 1914-1918 ; Guerre 1914-1918 ; Guerre 1914-1918 quatre volumes Interventions de sƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus pendant la Guerre 
 ThĂ©rĂšse sur terre, Ă  genoux, implorante, tournant le dos aux hommes comme le prĂȘtre Ă  l’autel cette attitude est rĂ©utilisĂ©e pour la couverture des Interventions de SƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus pendant la guerre, oĂč ThĂ©rĂšse est figurĂ©e sur le champ de bataille. Cette illustration connut un grand succĂšs pendant la guerre, durant laquelle elle servit de support Ă  un certain nombre de publications de propagande, dont un opuscule de lettres » c’est-Ă -dire de rĂ©cits de miracles publiĂ© en 1915 et la quatriĂšme page de couverture de la petite vie ». Cette illustration figure une vision d’apocalypse sol jonchĂ© de soldats, cathĂ©drale en feu, calvaire brisĂ©, ciel sombre et couvert
 Les mains de sƓur ThĂ©rĂšse semblent entrouvrir le ciel pour que puisse tomber la Pluie de Roses elle est bien prĂ©sentĂ©e, au sein de la religion, comme le seul et unique recours ». Vie abrĂ©gĂ©e de Sr ThĂ©rĂšse de l’Enfant JĂ©sus Ă©dition de 1914 Livret diffusĂ© au front en un demi-million d’exemplaires pendant la premiĂšre guerre mondiale. PlacĂ© dans les poches, il a arrĂȘtĂ© des balles et servi rĂ©guliĂšrement de lecture Ă  haute voix en soirĂ©e dans les tranchĂ©es. . ThĂ©rĂšse de Lisieux, une sainte de guerre ? La carmĂ©lite est beaucoup priĂ©e pendant le conflit elle protĂšge, elle guĂ©rit, parfois elle apparaĂźt et intervient finalement dans un nombre important de domaines. Elle est parfois associĂ©e Ă  Jeanne d’Arc .
 Celle qui a boutĂ© les Anglais hors de France » renvoie une image clairement belliqueuse. Mais le message de ThĂ©rĂšse est diffĂ©rent, on lui associe plutĂŽt l’image de la compassion, du pardon, de l’amour, sentiments Ă  l’opposĂ© du discours revanchard de certains combattants. Quelle place au final trouve-t-elle parmi tous les alliĂ©s du ciel» Les Miracles de ThĂ©rĂšse Archives du Carmel de Lisieux Sous la protection trĂšs spĂ©ciale de Ste ThĂ©rĂšse de Lisieux » AoĂ»t 1914 Daniel Brottier est candidat Ă  la SociĂ©tĂ© de secours aux blessĂ©s militaires et devient aumĂŽnier militaire volontaire. Il servira la 26Ăšme division Ă  travers toute la guerre et les plus durs engagements batailles de Verdun et de la Somme et spĂ©cialement le 121Ăšme diocese aux armĂ©es catholiques – La rudesse des 4 annĂ©es de guerre a Ă©tĂ© pour Daniel une sorte de noviciat de solidaritĂ© humaine .
 » ThĂ©rĂšse de Lisieux, amie de cƓur de Daniel Brottier "
 Il avait Ă©tĂ© rĂ©formĂ©, mais il obtient du gouvernement la permission de fonder un corps d’aumĂŽniers volontaires ainsi ce rĂ©formĂ© passera toute la guerre en 1Ăšre ligne ! Les poilus » sont Ă©bahis de le voir toujours indemne; lui-mĂȘme ne comprend pas. La clĂ© du mystĂšre lui sera donnĂ© quand il retrouvera son Ă©vĂȘque de Dakar, MgrJalabert, venu en France aprĂšs la guerre Ce dernier ouvre son brĂ©viaire oĂč il y a une image de sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux, image double Ă  l’intĂ©rieur de laquelle le PĂšre Brottier aperçoit sa propre photographie avec cette inscription au verso Petite ThĂ©rĂšse, gardez-moi mon PĂšre Brottier ». En effet, il comptait sur lui pour Ă©difier une cathĂ©drale Ă  Dakar. Pour cela, il le nomme son vicaire gĂ©nĂ©ral 
 en France; et le PĂšre Brottier s’attelle Ă  la tĂąche. AprĂšs la guerre Ă©galement, il est cofondateur avec ClĂ©menceau de l’ Union nationale des combattants ». Par ce moyen, il travaille Ă  “prolonger la fraternitĂ© nĂ©e dans le dĂ©pouillement des tranchĂ©es et le don hĂ©roĂŻque de soi.” Jean Paul II .
 ‱ Suppliques des soldats de la 1Ăšre Guerre au Pape BenoĂźt XV .
 PriĂšre Ă  la Sainte Vierge trouvĂ©e dans le brĂ©viaire du Bx. PĂšre Daniel Brottier À l’heure de ma mort, ĂŽ Marie que j’aurai tant de fois invoquĂ©e, soyez prĂšs de ma couche. Soyez-y comme y serait ma mĂšre si elle vivait encore. Peut-ĂȘtre que ma langue paralysĂ©e ne pourra plus prononcer votre nom, mais mon cƓur le redira toujours. Je vous appelle maintenant pour ce moment redoutable. Serai-je seul, expirant loin de tout secours, seul sans une main aimĂ©e pour me fermer les yeux, je mourrai souriant, parce que vous serez lĂ . Je l’espĂšre, je le crois, j’en suis sĂ»r ». SAINTE THÉRÈSE UNE CARMÉLITE CHEZ LES MILITAIRES Jean Pierre LĂ©on BOURJADE aviateur et missionnaire français 1889-1924 J’ai la ferme rĂ©solution de faire tout mon possible pour rendre Ă  soeur ThĂ©rĂšse toute la gloire qui me reviendra de mes combats, si du moins le Bon Dieu permet que j’en aie beaucoup. » LĂ©on Bourjade avec son Spad 13 personnel vers la mi-juillet 1918. L’appareil qui porte le code I » blanc et un appui-tĂȘte de couleur sombre peut-ĂȘtre rouge, a Ă©tĂ© produit par BlĂ©riot ; son numĂ©ro de sĂ©rie est dans la sĂ©rie des 2500 Ă  2800. En mĂ©daillon, l’image de Sainte ThĂ©rĂšse qui ne peut ĂȘtre celle d’origine ce tableau de CĂ©line Ă©tant de 1925 ou 1929 > 1911 fixĂ©e sur le capot, sous les mĂąts de cabane, et le fanion tricolore Ă  l’insigne du sacrĂ© coeur dĂ©ployĂ© sur l’appui tĂȘte. DR n°158 Avions 2007. LĂ©on Bourjade arborait Ă©galement une image de ThĂ©rĂšse sur la carlingue de son Nieuport Il faudrait Ă©numĂ©rer beaucoup de Batteries ou Avions SƓur ThĂ©rĂšse, des RĂ©giments qui lui furent consacrĂ©s. Il y eut mĂȘme la Chevalerie de SƓur ThĂ©rĂšse. Le Carmel garde dans un Livre d’Or » les noms des officiers et soldats, qui, par centaines, d’un geste spontanĂ©, lui tirent hommage de leurs dĂ©corations ou trophĂ©es de victoires croix de la LĂ©gion d’honneur, croix de guerre, mĂ©dailles militaires et mĂȘme croix Ă©trangĂšres serbes, belges, amĂ©ricaines, etc. ; des fourragĂšres, une Ă©pĂ©e, la flamme de guerre d’un vaisseau patrouilleur, des galons, des Ă©paulettes de chasseurs, et jusqu’à une paire d’éperons. Outre de nombreuses plaques de marbre, mentionnons encore ces ex-voto d’un cachet tout original la rĂ©duction en cuivre d’un Nieuport », vrai petit chef-d’Ɠuvre exĂ©cutĂ© avec des dĂ©bris d’avions, et offert par un officier supĂ©rieur de l’aviation ; puis, un trĂšs beau bĂ©nitier de chĂȘne, mesurant un mĂštre environ, artistement sculptĂ© par un officier de marine et reproduisant, avec tout le fini des dĂ©tails J’avais tĂ©lĂ©graphiĂ© Ă  Sr ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus » tĂ©moignages de l’AbbĂ© Marius Julienne, Aviateur-mĂ©canicien, escadrille V 109 – D’une lettre adressĂ©e Ă  M. le SupĂ©rieur du Grand SĂ©minaire de Bayeux. 9 novembre 1917. Le 29 octobre 1917, j’ai failli connaĂźtre les terribles consĂ©quences d’une panne dans les airs. A 300 mĂštres, notre moteur grippa; quoique dĂ©portĂ© par le vent, l’appareil chercha Ă  atterrir en vol planĂ©; le choc fut terrible. En style d’aviation, l’avion se broussilla » littĂ©ralement en s’écrasant sur le sol. Et c’est Ă  la grande surprise des officiers et soldats, accourus sur le lieu du sinistre, que pilote, observateur et mĂ©canicien votre serviteur surgirent sains et saufs de l’appareil rĂ©duit en miettes. Pressentant la catastrophe, j’avais tĂ©lĂ©graphiĂ© Ă  Sr ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus de venir Ă  notre secours, et ce n’a pas Ă©tĂ© en vain. Combien j’en reste reconnaissant envers la chĂšre petite sainte !
 AbbĂ© Marius Julienne, Aviateur-mĂ©canicien, escadrille V 109, Du mĂȘme, au Carmel de Lisieux. G. B. 8, escadrille V. 109, le 3 septembre 1918. Ma RĂ©vĂ©rende MĂšre, Je viens recommander Ă  vos priĂšres l’équipage de l’ Avion SƓur ThĂ©rĂšse ». En reconnaissance de la protection qu’elle m’a montrĂ©e, le 29 octobre 1917, c’est sous son vocable que j’ai placĂ© le premier appareil, qu’il m’a Ă©tĂ© donnĂ© de bĂ©nir. L’adjudant Desgroux et l’aspirant Marielle, qui le montent, sont des chrĂ©tiens d’élite et remplis de confiance en la petite sainte. Chaque nuit, mĂȘme par un ciel trĂšs nuageux et grand vent, ils s’en vont bombarder consciencieusement les objectifs imposĂ©s, et lorsque l’expĂ©dition a Ă©tĂ© plus dangereuse, je vois mon pilote accourir le lendemain Ă  la sainte Messe et remercier le Dieu de SƓur ThĂ©rĂšse. Je tenais, ma RĂ©vĂ©rende MĂšre, Ă  vous faire connaĂźtre la touchante dĂ©votion de nos aviateurs pour votre chĂšre Servante de Dieu. Daignez agrĂ©er, etc. AbbĂ© M. Julienne. abbaye-Saint-Benoit PLUIE DE ROSES Interventions de Sr ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus pendant la guerre, 1920 avec une prĂ©face de l'Ă©vĂȘque de Bayeux-Lisueux, Mgr. Thomas Lemonnier 
 Les tranchĂ©es de 1914-1918 n’ont pas manquĂ© de susciter un appel Ă  l’espĂ©rance qui a souvent pris pour visage celui de sainte ThĂ©rĂšse. Convaincus d’avoir en elle une petite sƓur » du Ciel, les miraculĂ©s parmi les soldats promis Ă  la mort lui ont Ă©crit. Au long de la Grande Guerre, le Carmel de Lisieux a ainsi reçu des milliers de lettres, accompagnĂ©es de balles, casques, obus et mĂ©dailles transformĂ©s en ex-voto. Le tout forme un mĂ©morial exceptionnel de la France et des Français d’alors, faisant resurgir un monde englouti et jusqu’ici ignorĂ© par les historiens. Ces lettres de Poilus, arrachĂ©es Ă  l’abĂźme, ne font pas cependant que ressusciter la parole d’hommes humiliĂ©s et broyĂ©s par le fer et le feu. Elles montrent que l’humanitĂ© se joue dans la capacitĂ© Ă  refuser l’enfer programmĂ©. Et que, aujourd’hui comme hier, il est une puissance de l’esprit plus forte que l’acier ».
Estelle& Michel Pascal sont plongĂ©s dans les centaines de tĂ©moignages, Expertises mĂ©dicales, toutes les obligatoirement dans des procĂ©dures judiciaires canonisation la sainte ThĂ©rĂšse. Fait Ă  nouveau des situations qui caractĂ©rise, vous soigneusement reconstituĂ© toute la force de ce miracle attribuĂ© officiellement petites carmĂ©lite de Lisieux. Commencer Ă  des miracles, oĂč l
Texte intĂ©gral Pour moi je me sens de la famille de l’aimable sainte, et je m’intĂ©resse d’instinct Ă  ce qui semble la toucher quelque peu. Par exemple, le 11 novembre, fĂȘte de la saint Martin, je me suis empressĂ© de faire remarquer cette coĂŻncidence entre la signature de l’armistice, et la fĂȘte de la petite ThĂ©rĂšse Martin, qui a tant travaillĂ© pour nos soldats pendant la guerre. »FrĂšre Louis-Marie FrĂ©dĂ©ric, directeur du grand sĂ©minaire de Chefoo, Chine, 17 fĂ©vrier 1919 ACL. 1 François Veuillot, Du carmel aux tranchĂ©es », La Croix, 27 septembre 1916, publiĂ© dans Antoinett ... 2 La rĂ©fĂ©rence Ă  la guerre est un passage obligĂ© pour toute monographie sur sainte ThĂ©rĂšse lorsqu’el ... 1Les rĂ©flexions suscitĂ©es par le dĂ©veloppement du culte de ThĂ©rĂšse de Lisieux durant la Grande Guerre ont commencĂ© au cƓur mĂȘme du conflit et ont connu de nombreux dĂ©veloppements par la suite depuis les premiĂšres hypothĂšses lancĂ©es par François Veuillot1 jusqu’aux Ă©tudes plus rĂ©centes2, il s’agit tantĂŽt de le prouver, de le dĂ©crire, de s’en Ă©tonner, et d’en chercher les raisons, ce qui permet d’aboutir Ă  plusieurs type de conclusions, l’une des plus connues Ă©tant la thĂšse de la sainte des Poilus ». Nous abordons ici un aspect particulier du culte de ThĂ©rĂšse durant la Grande Guerre, et esquissons des pistes qui donneront lieu, par la suite, Ă  une Ă©tude approfondie fondĂ©e sur l’exploitation de sources d’origines diverses. 3 Annette Becker, La guerre et la foi. De la mort Ă  la mĂ©moire, Paris, Armand Colin, 1994. StĂ©phane ... 4 Les premiĂšres informations sont donnĂ©es par les tĂ©moins convoquĂ©s lors du procĂšs romain, qui se dĂ© ... 2Aujourd’hui, il est notoire que le culte de ThĂ©rĂšse de Lisieux fait partie intĂ©grante de cette religion de guerre » dont Annette Becker a dĂ©crit les caractĂšres saillants3. Ce phĂ©nomĂšne pittoresque, qui joue sur la thĂ©matique de la Belle et la BĂȘte, a donnĂ© lieu Ă  quelques Ă©tudes dans lesquelles, frĂ©quemment, la prĂ©cision des chiffres se trouve jointe Ă  une forme d’admiration naĂŻve, pour ne pas dire bĂ©ate les donnĂ©es chiffrĂ©es, largement diffusĂ©es et facilement accessibles, proviennent toutes, par des voies plus ou moins directes, du carmel de Lisieux qui avait Ă  l’époque besoin de les accumuler pour prouver, lors du procĂšs de canonisation, la rĂ©alitĂ© et l’ampleur de la dĂ©votion. Elles sont pourtant sans cesse reprises comme des nouveautĂ©s et trĂšs peu contextualisĂ©es4. 5 Pluie de Roses V, Bar-le-Duc, imprimerie Saint-Paul, 1920, 590 p. Ce volume contient 570 grĂąces att ... 6 Ces rĂ©cits font toutefois une place au tĂ©moignage d’aprĂšs-guerre ; il arrive aussi que l’on trouve ... 3C’est par ailleurs un exercice fort pĂ©rilleux de tenter d’évaluer l’influence posthume d’une personne, dans un Ă©vĂ©nement qui plus est mondial. Face aux millions de morts et de blessĂ©s de la Grande Guerre, sans parler des consĂ©quences sociales et psychologiques de tant de drames familiaux – puisque les compĂ©tences de la petite sainte des Poilus ne sortent pas, du moins officiellement, du domaine de la vie individuelle et privĂ©e – comment penser avec justesse cet autre phĂ©nomĂšne indiscutablement mondial, mais d’intensitĂ© beaucoup plus basse, qu’est la dĂ©votion Ă  ThĂ©rĂšse de Lisieux pendant le conflit ? La dĂ©votion dont nous parlons ici est toujours considĂ©rĂ©e comme un moment important voire dĂ©cisif de l’histoire posthume de sƓur ThĂ©rĂšse. Les sommes sur la Grande Guerre, pour peu qu’elles mentionnent les aspects religieux, accordent toujours une place Ă  la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne – une toute petite place dans l’immense complexitĂ© du conflit. On ne peut s’empĂȘcher, au lieu de monter en Ă©pingle les quelque 220 rĂ©cits de miracles ou interventions » de sƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus pendant la guerre, rĂ©unis en un volume de la sĂ©rie Pluie de roses5 qui connut un succĂšs indiscutable, de les comparer au terrible bilan humain de la Grande Guerre. En effet, combien de ces miraculĂ©s » autoproclamĂ©s dans les annĂ©es 1914, 1915 et suivantes, se retrouvent-ils vivants, valides et fervents Ă  la date de publication de leur histoire miraculeuse en 1920 ?6 7 Annette Becker a donnĂ©, la premiĂšre, un aperçu de la multiplicitĂ© des dĂ©votions durant la guerre, ... 4Une chose est sĂ»re s’interroger en historien sur les causes d’un succĂšs, c’est risquer les interprĂ©tations tĂ©lĂ©ologiques, Ă  plus forte raison dans une approche monographique qui peut occulter d’autres recours trĂšs sollicitĂ©s durant cette pĂ©riode, Ă  commencer par le SacrĂ©-CƓur, Notre-Dame de Lourdes ou Jeanne d’Arc7. Une thaumaturge sans frontiĂšres 5La valorisation de ThĂ©rĂšse sainte des Poilus » comporte un inconvĂ©nient historique majeur elle ne tient pas compte du fait qu’en 1913, sƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1897, est dĂ©jĂ  connue dans le monde entier, y compris dans les pays de langue allemande, particuliĂšrement, bien sĂ»r, en pays catholique, en Autriche-Hongrie, en BaviĂšre, et dans les rĂ©gions polonaises des trois empires. Dans les pays de langue anglaise, The Little Flower of Jesus est abondamment invoquĂ©e, dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1900, et particuliĂšrement par les Irlandais et les Écossais catholiques. 8 Albanais, Allemand, Anglais, Annamite Vietnamien, Arabe Égypte, ArmĂ©nien, Basque, Breton, Bulg ... 9 Pour l’annĂ©e 1911, 189 visiteurs Ă©trangers ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, c’est-Ă -dire 6,4 % des pĂšlerins » ... 6Le carmel de Lisieux entretient une correspondance avec des zĂ©lateurs rĂ©pandus dans le monde entier, souvent des religieux français missionnaires ou en exil. Les textes thĂ©rĂ©siens et ses produits dĂ©rivĂ©s avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© traduits, avant la guerre, en une petite quarantaine de langues8. Ce caractĂšre international est d’ailleurs volontairement soulignĂ©, dans son ampleur et dans sa prĂ©cocitĂ©, au point de gommer les caractĂ©ristiques plus traditionnelles de cette dĂ©votion, notamment le dĂ©veloppement d’un pĂšlerinage local. Les visiteurs Ă©trangers, bien prĂ©sents quoique peu nombreux, furent valorisĂ©s en toute occasion et par tous les moyens9. 10 Sur les usages des photographies dans l’iconographie thĂ©rĂ©sienne François de Sainte-Marie, Visag ... 7Surtout, dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1910, la diffusion des supports de dĂ©votion, insĂ©parable d’un courrier extrĂȘmement volumineux mĂȘlant commandes, demandes d’intercession, rĂ©cits de miracles et tĂ©moignages de dĂ©votion s’effectue en des quantitĂ©s industrielles. L’offre s’est considĂ©rablement diversifiĂ©e, depuis la publication, en 1898, de cet Ă©norme volume au titre interminable qui allait se faire connaĂźtre sous le nom d’Histoire d’une Ăąme. Les textes thĂ©rĂ©siens existent en Ă©ditions de poche, et sont Ă©galement diffusĂ©s sous la forme d’opuscules destinĂ©s Ă  un public populaire et intĂ©grant la dimension miraculeuse de la vie posthume de sƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus. L’iconographie est riche de plusieurs dizaines de modĂšles, tantĂŽt idĂ©alistes et conformistes, tantĂŽt rĂ©alistes, grĂące Ă  l’usage, jusqu’alors peu rĂ©pandu dans l’imagerie pieuse, de la photographie retouchĂ©e10. 8Entre 1907 et 1913, le carmel de Lisieux a donc appris Ă  produire et Ă©couler des stocks importants d’imprimĂ©s, de reliques et de souvenirs, par le biais d’un rĂ©seau de zĂ©lateurs soigneusement stimulĂ© par des dons de reliques et la dimension personnelle des relations Ă©pistolaires avec les reliques vivantes » – considĂ©rĂ©es comme telles – que sont les anciennes compagnes de sƓur ThĂ©rĂšse, principalement ses trois sƓurs biologiques, sƓur Marie du SacrĂ©-CƓur Marie Martin, 1860-1940, mĂšre AgnĂšs de JĂ©sus Pauline Martin, prieure, 1861-1951, et sƓur GeneviĂšve CĂ©line Martin, 1869-1959. Les carmĂ©lites de Lisieux ont su faire preuve d’une grande crĂ©ativitĂ© dans la diversification des supports, et d’une grande rĂ©activitĂ© face aux demandes du public, jonglant avec habiletĂ© entre les potentialitĂ©s technico-Ă©conomiques de la civilisation industrielle et les normes canoniques, montrant une capacitĂ© Ă©tonnante Ă  vulgariser, tant dans le langage que par les supports, une spiritualitĂ© adossĂ©e Ă  une imagerie moderne qui conjugue avec succĂšs plaisir et piĂ©tĂ©. Le pragmatisme sert de base Ă  l’apologĂ©tique, et l’expĂ©rience acquise en la matiĂšre va se rĂ©vĂ©ler prĂ©cieuse pour s’adapter aux conditions nouvelles liĂ©es Ă  la guerre, et aux potentialitĂ©s d’apostolat qui s’ouvrent alors. 9Comment, en 1914, le carmel de Lisieux, communautĂ© française appartenant Ă  un Ordre fortement internationalisĂ©, au sein d’une chrĂ©tientĂ© dĂ©chirĂ©e, a-t-il apprĂ©hendĂ© son rĂŽle et celui de sa thaumaturge ? 11 TĂ©moin de cette concurrence Je recueille partout des tĂ©moignages de vĂ©nĂ©ration et de confiance ... 10D’emblĂ©e, le carmel de Lisieux a visĂ© pour sa nouvelle sainte une rĂ©putation exceptionnelle et universelle. En France, la seule vĂ©ritable concurrence est Notre-Dame de Lourdes, parce qu’il s’agit avant tout d’un sanctuaire Ă  miracles11. Or le pĂšlerinage de Lourdes a dĂ©jĂ , au dĂ©but du XXe siĂšcle, une forte dimension internationale. Durant la PremiĂšre Guerre mondiale, cependant, Lourdes a moins d’atouts Ă  faire valoir que ThĂ©rĂšse certes, l’eau de Lourdes conserve son attrait, mais les supports de dĂ©votion mis en circulation par Lisieux, trĂšs diversifiĂ©s, prĂ©sentent bien d’autres avantages. 12 Jean-Pierre Blin, Le vitrail commĂ©moratif de la Grande Guerre. Les catholiques français et le cu ... 13 Sans minorer le fait que ThĂ©rĂšse Ă©tait fascinĂ©e par Jeanne d’Arc, et que cette parentĂ© fut abondam ... 11Les vitraux Ă©rigĂ©s en ex-voto Ă  la fin de la guerre ont figĂ© l’image de la sainte des Poilus » et contribuĂ© Ă  pĂ©renniser le souvenir de ThĂ©rĂšse combattante, en la faisant figurer au milieu des Poilus comme cĂ©leste avocate », sur le modĂšle des images rĂ©pandues pendant la guerre. Il est avĂ©rĂ©, pourtant, que la guerre n’a pas fait surgir de nouveaux cultes, mais a plutĂŽt renforcĂ© ceux qui s’étaient dĂ©veloppĂ©s dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes, comme le prouvent par exemple les programmes de reconstruction des Ă©glises aprĂšs la guerre dans les 181 Ă©glises Ă©tudiĂ©es par Patrick Wintrebert, ThĂ©rĂšse fait l’objet de 69 reprĂ©sentations, derriĂšre Saint Louis 96 et le SacrĂ©-CƓur 76 mais devant Notre-Dame de Lourdes 66 et Jeanne d’Arc 58, alors que les intercesseurs prĂ©sents dans ces Ă©glises sont au nombre de 84 saints et de 37 saintes. Sur les 48 vitraux commĂ©morant la Grande Guerre Ă©tudiĂ©s par Jean-Pierre Blin, Notre-Dame des ArmĂ©es figure quatre fois, ThĂ©rĂšse trois, Jeanne d’Arc deux c’est le Christ qui domine, sous la forme du crucifiĂ© 12 occurrences, du SacrĂ©-CƓur bĂ©nissant 4 ou montrant le ciel 312. De telles Ă©tudes, bien que partielles, permettent de souligner le dĂ©calage entre les phĂ©nomĂšnes rĂ©els et les phĂ©nomĂšnes perçus, ainsi que la part de construction a posteriori que contient l’idĂ©e d’un intercesseur nouveau et unique, ThĂ©rĂšse de Lisieux. Il faut attendre des Ă©tudes comme celles de Jean-Yves Le Naour sur Claire Ferchaud, la Jeanne d’Arc de la Grande Guerre », pour rendre au qualificatif nouvelle Jeanne d’Arc », s’agissant de ThĂ©rĂšse, un caractĂšre de banalitĂ©13, et rendre au SacrĂ©-CƓur son authentique dimension de dĂ©votion patriotique. 14 StĂ©phane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18, retrouver la Guerre, op. cit., p. 180-181. Magal ... 12Jeanne d’Arc et ThĂ©rĂšse sont souvent Ă©tudiĂ©es ensemble, et toutes deux semblent mĂ©riter le qualificatif de sainte des tranchĂ©es » une rĂ©cente exposition, Ă  DomrĂ©my, a sorti Jeanne de son statut de sainte officielle pour la situer comme un intercesseur de prĂ©dilection des combattants et de leurs familles. Annette Becker a insistĂ© sur les points communs aux deux jeunes femmes et Ă  la dĂ©votion dont elles font l’objet. Il faudrait complĂ©ter ce tableau en dĂ©veloppant leurs singularitĂ©s Jeanne est un symbole fort du rassemblement patriotique et incarne l’Union sacrĂ©e, alors que le culte thĂ©rĂ©sien se dĂ©veloppe hors de tout cadre institutionnel ou patriotique14. 13Dans ce panorama, on ne saurait oublier, non plus, la sĂ©duction qu’opĂšrent toujours les saints rĂ©gionaux, particuliĂšrement sainte Anne d’Auray en Bretagne, qui rattachent fortement le soldat dĂ©racinĂ© Ă  sa petite patrie d’origine. L’abondance des rĂ©fĂ©rences Ă  ThĂ©rĂšse de Lisieux dans les quotidiens de la Manche ou du Calvados, ou de lettres publiĂ©es dans La Croix par des Normands durant la guerre, permet d’ailleurs de mettre en Ă©vidence le caractĂšre fortement rĂ©gional de la dĂ©votion Ă  ThĂ©rĂšse de Lisieux, caractĂšre qui n’exclut pas la notoriĂ©tĂ© internationale mais qui a frĂ©quemment Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©. Une sainte de proximitĂ© 14Quelle est la place particuliĂšre de la dĂ©votion Ă  la petite sƓur ThĂ©rĂšse durant la Grande Guerre ? Il importe en premier lieu de prĂ©ciser qu’elle opĂšre en contexte catholique, dans lequel le croyant a la libertĂ© de choisir des dĂ©votions surĂ©rogatoires, lesquelles ne sont que rarement exclusives et, en tout Ă©tat de cause, n’excluent jamais ni le Christ – sous la forme, par exemple, du SacrĂ©-CƓur –, ni la Vierge – sous quelque vocable que ce soit. 15 Il n’est que de lire la longue litanie des saints français » Ă©voquĂ©s par StĂ©phen CoubĂ© dans Nos ... 16 Cette analyse, reprise par Nadine-Josette Chaline et d’autres, puise toujours Ă  la mĂȘme source l ... 15Dans ce Ciel saturĂ©15 », ThĂ©rĂšse de Lisieux incarne incontestablement une figure de la proximitĂ© proximitĂ© gĂ©ographique, Ă©videmment, pour les Normands du pays d’Auge ; proximitĂ© de gĂ©nĂ©ration ou proximitĂ© sociologique, comme l’a soulignĂ© Annette Becker en s’appuyant sur les tĂ©moignages des Poilus publiĂ©s dans les Interventions de sƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus pendant la guerre16 cette religieuse parle une langue accessible Ă  tous et peut faire, grĂące au genre autobiographique, l’objet d’une connaissance intime. C’est une diffĂ©rence notable avec Jeanne d’Arc, sainte GeneviĂšve, ou mĂȘme Notre-Dame de Lourdes ou le SacrĂ©-CƓur. Si les soldats de la Grande Guerre sont davantage des ruraux que des petits bourgeois, ils sont tous plus ou moins alphabĂ©tisĂ©s et partagent, en gros, les mĂȘmes rĂ©fĂ©rences culturelles que ThĂ©rĂšse, petite Normande dĂ©cĂ©dĂ©e Ă  24 ans en 1897, fauchĂ©e par la tuberculose, mal qui, avant-guerre, causait le plus de dĂ©cĂšs chez les jeunes. 16SƓur ThĂ©rĂšse figure Ă©galement comme une sainte contemporaine » elle est proche, car elle n’est pas encore portĂ©e sur les autels et, dans le mĂȘme temps, son culte n’est ni imposĂ© ni conseillĂ©. Il me semble important de souligner ici ce caractĂšre d’élection le soldat dĂ©vot Ă  sƓur ThĂ©rĂšse choisit sa sainte, il la choisit mĂȘme avant que l’Église ne se prononce, et il n’est pas exclu qu’il la choisisse pour des critĂšres d’esthĂ©tique et de contemporanĂ©itĂ©, c’est-Ă -dire qu’il conserve dans son portefeuille une photographie de femme idĂ©ale, Ă  la fois jeune et protectrice. En matiĂšre d’imagerie pieuse, la photographie, dĂ©veloppĂ©e par les carmĂ©lites de Lisieux dans une perspective documentaire – et donc, anti-saint-sulpicienne, contrairement Ă  ce qui est souvent dit, voire dĂ©plorĂ© – favorise l’effet de rĂ©el, effet qui Ă©tait particuliĂšrement bien adaptĂ© Ă  la situation des soldats. 17 Image dĂ©crite par Nadine-Josette Chaline, art. cit., p. 207, publiĂ©e en hors-texte avec d’autres d ... 18 Fin 1914, mĂšre AgnĂšs de JĂ©sus pense que la guerre fera obstacle Ă  la diffusion de la dĂ©votion, par ... 17Il ne faut donc pas trop s’étonner de ce que ce culte massif ait visĂ© une sainte officiellement interdite de culte », puisque pas encore canonisĂ©e. En rĂ©alitĂ©, ce fut un atout sa personne bĂ©nĂ©ficia de la logistique dĂ©veloppĂ©e entre 1907 et 1913 et destinĂ©e Ă  promouvoir un futur saint pour obtenir sa canonisation. Du mĂȘme coup, un traitement iconographique spĂ©cifique lui est rĂ©servĂ© elle est reprĂ©sentĂ©e sur terre, et seule, car on ne peut la reprĂ©senter avec d’autres saints, ni en statue, ni dans un nimbe, etc. La sobriĂ©tĂ© est de mise, y compris dans sa titulature petite sƓur » et non sainte », ce qui la rend d’autant plus proche des vivants17. La cause de canonisation est introduite Ă  Rome en juin 1914 les supports de dĂ©votion sont dĂ©jĂ  conçus, les rĂ©seaux de diffusion bien en place, et tout cela, aprĂšs une nĂ©cessaire adaptation Ă  la fin de 191418, va se dĂ©ployer, d’une maniĂšre trĂšs rĂ©active, en direction d’un nouveau marchĂ© » captif, les Poilus et leurs familles. Patriotisme thĂ©rĂ©sien et combat spirituel 19 La prĂ©face Ă  Interventions... op. cit., p. vii, propose Ă  ses lecteurs des Ă©claircissements sur le ... 20 Extrait d’une piĂšce de théùtre, dite rĂ©crĂ©ation pieuse » destinĂ©e Ă  ĂȘtre jouĂ©e par les novices d ... 21 D’aprĂšs Ms A, f° 33. ThĂ©rĂšse de Lisieux, ƒuvres complĂštes, Paris, Ă©d. du Cerf/DDB, 1992, p. 121. 22 Ces derniĂšres citations sont une synthĂšse arrangĂ©e d’extraits du Ms B, f° 2 v° et f° 4, v°, qui ... 23 Cette guerre rĂ©vĂšle Ă  nos dĂ©fenseurs, souvent Ă  leur insu mĂȘme, et par une impression qui les pĂ© ... 18Dans l’apostolat spĂ©cifiquement destinĂ© aux Poilus, on va insister sur le patriotisme de ThĂ©rĂšse et sur la thĂ©matique du combat, bien prĂ©sente dans ses Ă©crits19. Par exemple, une image de ThĂ©rĂšse comportant la phrase J’aime la France, ma patrie, et je veux lui conserver la foi20 » est distribuĂ©e aux Poilus. D’autres expressions se rapportant Ă  la France ou Ă  la guerre sont rapportĂ©es, non rĂ©fĂ©rencĂ©es mais prĂ©sentĂ©es comme des paroles de sƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus » Comme les guerriers antiques apprenaient Ă  leurs enfants le mĂ©tier des armes, ainsi m’apprit-on dĂšs l’enfance le combat de la vie, excitant mon ardeur et me montrant la palme glorieuse21. » Je voudrais mourir sur un champ de bataille pour la dĂ©fense de l’Église. » Je voudrais accomplir les Ɠuvres les plus hĂ©roĂŻques je me sens le courage d’un croisĂ© » ; Ma pluie embaumĂ©e tombera sur l’Église militante afin de lui donner la victoire22. » Ces citations expriment moins d’ailleurs le patriotisme de ThĂ©rĂšse que son ardeur au combat, pour l’Église essentiellement on communique au soldat un modĂšle de combattante pour qui la patrie est davantage le ciel que la France. Pour la victoire de la France, le combattant français est donc invitĂ© Ă  modeler son comportement sur celui des croisĂ©s, ou sur celui des saints soutenant l’Église militante. On n’y trouve ni nationalisme, ni bellicisme, mais la possibilitĂ©, pour le soldat, de faire de sa guerre une guerre sainte, Ă  moins qu’il ne soit invitĂ© Ă  combattre par analogie aux religieuses, le combat pour Dieu, aux soldats, le combat pour la patrie23. 24 François Veuillot, Du carmel aux tranchĂ©es », art. cit. ÉditĂ© par Lisieux sous forme de feuillet ... 25 Ce n’était pas la premiĂšre fois que François Veuillot crĂ©ait l’évĂ©nement en mentionnant ThĂ©rĂšse de ... 19Le type d’explication contextuelle dĂ©veloppĂ© ici ne doit pas occulter d’autres facteurs, plus spirituels, qui ont contribuĂ© Ă  crĂ©er ce sentiment de proximitĂ© propre Ă  la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne. Le premier journaliste Ă  avoir Ă©crit sur ThĂ©rĂšse et les soldats, François Veuillot, Ă©tait un grand admirateur de la petite ThĂ©rĂšse », devenu de ce fait proche du carmel de Lisieux dĂšs 1906. C’est lui qui avance des raisons essentiellement spirituelles, en dĂ©veloppant une analogie entre la petite voie » et les boyaux des tranchĂ©es, et en mettant en exergue l’importance du champ lexical du combat dans les textes thĂ©rĂ©siens, champ lexical favorisant selon lui une appropriation spirituelle24. Cet article est constamment repris, encore aujourd’hui, pour mentionner la dĂ©votion des Poilus, Ă  juste titre d’ailleurs parce qu’il fut diffusĂ© Ă  des dizaines de milliers d’exemplaires sur le front assorti d’une illustration. Il n’est pas sans intĂ©rĂȘt de prĂ©ciser que François Veuillot insistait sur la spiritualitĂ© parce que la publication de nouveaux rĂ©cits de miracles venait d’ĂȘtre suspendue par Rome25. Parler de spiritualitĂ©, c’était parler de ThĂ©rĂšse au nom de l’actualitĂ© sans desservir la cause de canonisation. La part importante de stratĂ©gie qui entre dans cette publication, et les usages qui ont Ă©tĂ© faits de cet article par le carmel de Lisieux lui-mĂȘme, imposent donc de ne pas trop l’utiliser pour fonder en fait les dĂ©votions des combattants. Il est en revanche tout Ă  fait possible, compte tenu de la large diffusion de ce feuillet, qu’il ait contribuĂ© dans une certaine mesure Ă  façonner la dĂ©votion des combattants dans un sens plus spirituel. 26 Guillaume Cuchet, Le crĂ©puscule du purgatoire, Paris, Armand Colin, 2005. 27 Conrad De Meester, Dynamique de la confiance. GenĂšse et structure de la voie d’enfance spirituelle ... 28 Claude Langlois, Les derniĂšres Paroles de ThĂ©rĂšse de Lisieux, Paris, Salvator, 2000, p. 131-159. 29 L’expression est employĂ©e par Mgr de Teil Ă  mĂšre AgnĂšs, 4 mars 1909, pour la rĂ©cuser. ACL. 30 Le succĂšs de ThĂ©rĂšse de Lisieux est fondĂ© sur ces deux slogans imprimĂ©s dans toutes les publicatio ... 20Avec le recul, et sans trop tirer de conclusions des affirmations performatives de Veuillot, on peut considĂ©rer, comme Guillaume Cuchet, que la spiritualitĂ© thĂ©rĂ©sienne, adossĂ©e Ă  la guerre et en phase avec elle, notamment avec les difficultĂ©s thĂ©ologiques posĂ©es par la mort de masse, a inflĂ©chi de maniĂšre dĂ©cisive les rapports des catholiques avec le Ciel tels qu’ils furent Ă©tablis au XIXe siĂšcle26. Cette analyse fonde historiquement les travaux des spĂ©cialistes de la pensĂ©e thĂ©rĂ©sienne sur le travail d’élaboration lexicale opĂ©rĂ© dans les annĂ©es 1910 par les carmĂ©lites de Lisieux Ă  partir du texte thĂ©rĂ©sien, de la voie toute nouvelle » Ă  la petite voie » ou voie d’enfance spirituelle27 ». La spiritualitĂ© thĂ©rĂ©sienne propose une rĂ©ponse consolante au drame de la mort de masse, beaucoup plus plausible que le purgatoire pour tous28. ThĂ©rĂšse n’est pas seulement une figure de compassion, sur le modĂšle marial, une petite sainte modern style29 » Ă  l’esthĂ©tique sĂ©duisante, elle peut Ă©galement ĂȘtre plĂ©biscitĂ©e pour ses conceptions de la mort et de l’au-delĂ , ainsi que pour sa promesse, abondamment diffusĂ©e, de passer son ciel Ă  faire du bien sur la terre » et de travailler jusqu’à la fin des temps au salut des Ăąmes30. La popularitĂ© des rĂ©cits de grĂąces, mais aussi d’apparition et de phĂ©nomĂšnes surnaturels, dans un contexte de mort omniprĂ©sente et violente, rĂ©vĂšle un besoin irrĂ©pressible de donner une face positive aux bouleversements de l’ordre naturel. 21On le voit, il entre une part d’imprĂ©visible et d’imprĂ©vu dans la maniĂšre dont les combattants ont adoptĂ© la petite sainte de Lisieux, adoption rendue possible par le dynamisme des carmĂ©lites, dynamisme Ă©conomique, logistique mais aussi spirituel en effet, cette proximitĂ© de la petite sainte correspond bien Ă  la maniĂšre dont les communautĂ©s religieuses cloĂźtrĂ©es conçoivent leur engagement dans la guerre. Par la priĂšre, par le sacrifice, par le soutien aux familles des carmĂ©lites mais aussi de leur entourage immĂ©diat, par l’accueil de rĂ©fugiĂ©s, parfois, ou bien encore la prĂ©paration de colis pour le front. Universalisme et patriotisme 22Dans ce contexte, peut-on dire que mĂšre AgnĂšs de JĂ©sus et sa communautĂ© ont demandĂ© Ă  ThĂ©rĂšse de Lisieux de se consacrer Ă  la France le temps du conflit ? Comment aspirations universelles et patriotisme se trouvent-ils articulĂ©s, dans ce cas prĂ©cis ? 23On le sait, l’impact de la guerre sur les comportements moraux et spirituels des chrĂ©tiens est ardemment souhaitĂ©. Mais ThĂ©rĂšse de Lisieux ne fut pas, officiellement du moins, convoquĂ©e par ses sƓurs Ă  trancher le diffĂ©rend sĂ©culaire entre la France et l’Allemagne. En coulisse, pourtant, le vice-postulateur de la cause de ThĂ©rĂšse, Mgr Roger de Teil, demande Ă  la sainte petite sƓur un miracle national », la guĂ©rison du gĂ©nĂ©ral Gouraud 31 Mgr de Teil Ă  Mgr Lemonnier, 11 juillet 1915. ABL. SƓur ThĂ©rĂšse pourrait s’employer Ă  la fois pour la France et pour ce soldat sans peur et sans reproches. Il serait difficile d’avoir un miracle plus scientifiquement constatĂ© ; cette guĂ©rison Ă  elle seule vaudrait une pluie de roses. Demandons-la pour la France et pour la glorification de notre sƓur ThĂ©rĂšse, toute l’armĂ©e sera reconnaissante31. » 32 Julie d’Andurain, Le gĂ©nĂ©ral Gouraud, un colonial dans la Grande Guerre, thĂšse, universitĂ© de Pari ... 24Le gĂ©nĂ©ral Henri Gouraud 1867-1946, qui comptait parmi ses frĂšres et sƓurs un prĂȘtre et une religieuse, symbolisait le patriotisme catholique, mĂȘme si lui-mĂȘme n’utilisait le langage religieux que pour communiquer avec sa mĂšre. Atteint par un obus sur le front des Dardanelles en 1915, il avait eu les jambes broyĂ©es, le bassin brisĂ© et un bras emportĂ©. Il fut dit qu’il se remit rapidement, grĂące Ă  sa robuste constitution. En d’autres termes la guĂ©rison ne donna pas lieu Ă  un rĂ©cit de miracle, quelle qu’ait Ă©tĂ© par ailleurs l’intime conviction du gĂ©nĂ©ral et de son entourage, sans parler des proches du carmel qui avaient cru Ɠuvrer pour cette guĂ©rison patriotique32. 33 La Croix, 18 janv. 1914, Autour de la bataille de la Marne » sous-titre lettre d’un prĂȘtre-so ... 34 La Croix, 18 mars 1915 ApologĂ©tique tirĂ©e de la guerre ». Sous titre un vrai petit franc-ma ... 35 Jean-Louis Charvet, La faute de l’abbĂ© Charvet », en ligne, ... 25De son cĂŽtĂ©, La Croix essaya de suggĂ©rer que ThĂ©rĂšse de Lisieux avait eu son rĂŽle dans la victoire de la Marne33. Durant la guerre, certains tĂ©moignages de soldats publiĂ©s par le journal sont Ă©videmment destinĂ©s Ă  prouver que ThĂ©rĂšse travaille, non pas directement Ă  la victoire, mais au relĂšvement de la France, c’est-Ă -dire Ă  la conversion de ses enfants34. Ces assertions sont toutefois laissĂ©es Ă  la responsabilitĂ© de leurs auteurs, et l’on a vu que ce journal, en la personne de François Veuillot, prĂ©fĂšre mettre l’accent sur le terrain spirituel en effet, il n’était pas admis, en France, d’imputer les victoires de l’armĂ©e française Ă  des causes surnaturelles, comme en tĂ©moigne par exemple le procĂšs intentĂ© Ă  l’abbĂ© Charvet en 191535. En des temps propices Ă  l’attente d’interventions surnaturelles, les rĂ©serves Ă©mises par les institutions laĂŻques et ecclĂ©siastiques, liĂ©es Ă  l’Union sacrĂ©e en contexte de SĂ©paration, tendent Ă  favoriser le dĂ©veloppement de dĂ©votions privĂ©es, et en particulier les pratiques d’intercession, dont tĂ©moignent les rĂ©cits de miracles et l’accumulation d’ex-votos dans les sanctuaires. La laĂŻcisation des discours a certainement contribuĂ© Ă  la privatisation de la foi, ce qui a favorisĂ© les saints non institutionnels, ThĂ©rĂšse de Lisieux par excellence. 36 SƓur GeneviĂšve CĂ©line Martin Ă  sƓur Françoise-ThĂ©rĂšse LĂ©onie Martin, le 4 avril 1915 Et ce ... 37 MĂšre AgnĂšs au P. Rodrigue, 19 octobre 1914. ACL. StĂ©phen CoubĂ©, dans Nos alliĂ©s du Ciel, op. cit.,... 26MĂšre AgnĂšs de JĂ©sus, comme beaucoup de ses pareilles, se demandait si la France serait sauvĂ©e par la dĂ©faite ou la victoire. Le salut dans la victoire lui semblait souhaitable Ă  la fois sur le plan spirituel et patriotique, mais cela relĂšverait, bien Ă©videmment, de l’inouĂŻ et du miraculeux36. C’est dans la correspondance privĂ©e de sƓurs de ThĂ©rĂšse que l’on trouve exposĂ©s les problĂšmes posĂ©s par la dialectique du salut et de la victoire Je sens bien que la France est si coupable qu’elle a besoin de ce flĂ©au qui d’ailleurs cache de grandes misĂ©ricordes37 », Ă©crit par exemple mĂšre AgnĂšs. 27Dans les publications du carmel de Lisieux, ThĂ©rĂšse Ă©chappe donc au discours nationaliste parce qu’elle n’est pas canonisĂ©e, parce qu’elle n’est pas intĂ©grĂ©e, Ă  la diffĂ©rence de sainte GeneviĂšve, saint Louis et Jeanne d’Arc, au consensus historique rĂ©publicain, mais aussi pour des raisons touchant Ă  la construction – toute rĂ©cente Ă  l’époque et encore inachevĂ©e – de cette figure de saintetĂ©. Aux yeux de Dieu, les Ăąmes ne sont ni françaises ni allemandes » 28Un aspect de la dĂ©votion est rarement soulignĂ©, alors qu’il a jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans le succĂšs international de ThĂ©rĂšse de Lisieux et, peut-ĂȘtre, dans l’intĂ©rĂȘt qu’elle suscita chez BenoĂźt XV la petite ThĂ©rĂšse n’est pas une sainte nationale, et ce n’est pas un hasard si elle fut proclamĂ©e patronne des missions 1927 avant d’ĂȘtre proclamĂ©e patronne secondaire de la France 1944. MĂšre AgnĂšs ayant voulu faire de sa sƓur une sainte universelle canonisĂ©e au plus vite, elle ne voulut pas borner son rayonnement aux frontiĂšres nationales. Elle continua donc, malgrĂ© la guerre, Ă  envoyer des reliques aux Allemands 38 MĂšre AgnĂšs de JĂ©sus au P. Rodrigue, 6 mai 1915. ACL. Mentionner la protection accordĂ©e Ă  ces relig ... Nous en envoyons bien volontiers [par la Suisse] car devant Dieu les Ăąmes ne sont ni françaises ni allemandes. Les unes et les autres sont prĂ©cieuses aux yeux de Dieu. À ce sujet, mon T. R. P., si Votre RĂ©vĂ©rence permet d’éditer une petite brochure de “roses de guerre”, j’ai bien l’intention de ne rien imprimer mĂȘme pas la moindre phrase, qui puisse froisser les Allemands, dans le cas oĂč la petite publication leur tomberait entre les mains, par exemple nous n’imprimerons pas la protection accordĂ©e aux religieuses belges38. » 39 PrĂ©face Ă  Interventions..., op. cit., p. vii Et, chose curieuse, cette attirance [pour la peti ... 40 Nadine-Josette Chaline, art. cit., p. 208. 41 Michel LagrĂ©e, Les rĂ©pliques de la grotte de Lourdes. Suggestions pour une enquĂȘte », dans Relig ... 29Le soutien spirituel n’est pas refusĂ© Ă  l’ennemi, soutien fort discret pendant la guerre, plus largement rĂ©vĂ©lĂ© ensuite, quand l’heure est Ă  la rĂ©conciliation39. Dans les pays de langue allemande, les cartes postales de sƓur ThĂ©rĂšse continuent Ă  se vendre, avec des lĂ©gendes modifiĂ©es, comme l’a montrĂ© Nadine-Josette Chaline40. AprĂšs la guerre, temps de la canonisation de ThĂ©rĂšse, donc d’institutionnalisation du culte 1925, on ne se contentera pas, Outre-Rhin, d’installer cette statue que l’on trouve dans toutes les Ă©glises de France ce sont des reproductions de la chĂąsse de Lisieux et son gisant en cire qui vont marquer la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne en Allemagne, en Autriche et en Hongrie, preuve que si les communications avec la France ont Ă©tĂ© altĂ©rĂ©es au point de rendre difficile le pĂšlerinage Ă  Lisieux, la dĂ©votion fut suffisamment enracinĂ©e avant-guerre pour continuer ensuite, et entraĂźner la construction sur place de petits Lisieux, comme on fit en France des grottes de Lourdes41. 42 C’était la premiĂšre supplique de ce genre qui parvenait au Saint-PĂšre, mais ce ne fut pas la der ... 43 Les archives du carmel de Lisieux n’ont pas gardĂ© beaucoup de traces de ces suppliques militaires ... 44 Le pape a Ă©tĂ© fort touchĂ© de ces demandes et voudrait que cela se gĂ©nĂ©ralise dans l’armĂ©e frança ... 30Il n’en demeure pas moins que l’engouement des militaires français pour la petite sainte de Lisieux est remarquable et bĂ©nĂ©ficie sans doute d’un effet boule de neige. Il fut utilisĂ© pour faire pression sur le pape, notamment pour montrer comment la France retournait Ă  Dieu grĂące Ă  sƓur ThĂ©rĂšse, ce qui Ă©tait un bon argument en faveur d’une canonisation rapide. Les partisans de ThĂ©rĂšse de Lisieux ne se privĂšrent pas non plus de prĂ©senter la canonisation qu’ils imploraient comme un geste qui aurait permis de laver BenoĂźt XV de l’accusation de pape boche ». C’est un officier, Pierre Mestre, qui eut l’idĂ©e, en 1916, d’envoyer Ă  BenoĂźt XV des pĂ©titions de soldats en faveur de la canonisation, initiative qui fut, semble-t-il, massivement imitĂ©e, et qui connut, dans tous les cas, un fort retentissement42. Cette supplique Ă©tait en rĂ©alitĂ© un ensemble de lettres collectĂ©es par les soins de Pierre Mestre, calligraphiĂ©es et reliĂ©es par Lisieux43. D’autres furent envoyĂ©es directement au Vatican. Dans ces lettres qui mĂȘlent expressions formelles et rĂ©cits trĂšs personnels faisant allusion Ă  la situation de chacun et dĂ©crivant les grĂąces reçues, les soldats s’expriment en leur nom propre, en soulignant toutefois qu’ils se font les interprĂštes de quantitĂ© d’autres soldats, ou de leur unitĂ©44. 45 Il organise par exemple une pĂ©tition des enfants d’Alençon, ville natale de ThĂ©rĂšse de Lisieux, en ... 46 100 000 signatures britanniques furent collectĂ©es en 1919 par une bĂ©nĂ©dictine anglaise Rome, Arch ... 31La mise en valeur tardive de ces marques de dĂ©votion militaire est due Ă  un jĂ©suite italien, le P. Fajella. Le 26 mai 1918, ce dernier suggĂ©rait Ă  mĂšre AgnĂšs – que, par ailleurs, il ne connaissait pas – de gĂ©nĂ©raliser le mouvement des suppliques et de l’étendre Ă  l’ensemble du peuple français, puis du monde. Dans ce projet, les soldats sont une catĂ©gorie de Français parmi d’autres45, et ce mouvement de pĂ©tition n’est qu’un Ă©lĂ©ment seulement du plan mĂ©dias » proposĂ© au carmel de Lisieux par ce religieux trĂšs entreprenant. Tout est fait pour que l’entreprise ne semble pas Ă©maner du carmel de Lisieux et ait l’air spontanĂ©e rien ne doit transpirer », Ă©crit-il46. Signe des temps, du poids de la guerre et de la figure du combattant dans la conscience collective, les pĂ©titions des soldats sont le seul souvenir laissĂ© par cette entreprise d’envergure, au point de figurer aujourd’hui comme un des principaux arguments en faveur du caractĂšre particulier et exceptionnel de la dĂ©votion des Poilus pour ThĂ©rĂšse de Lisieux. 47 Deux livres reprenaient cette sĂ©rie le support Ă  96 tableaux..., comportant, en regard des repro ... 32Autre source qui a contribuĂ© Ă  la fabrication de ce thĂšme la place faite aux miracles pendant la guerre dans les sĂ©ances de projections qui connaissent, dans le premier quart du XXe siĂšcle, leur apogĂ©e avant d’ĂȘtre progressivement remplacĂ©es par le cinĂ©matographe. ThĂ©rĂšse de Lisieux fut l’un des grands sujets des spectacles paroissiaux organisĂ©s par les curĂ©s projectionnistes dĂšs les annĂ©es 1908-1910. La sĂ©rie thĂ©rĂ©sienne la plus apprĂ©ciĂ©e, Pluie de Roses, 96 tableaux, quelques miracles et interventions de sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus, Ă©tait constituĂ©e pour moitiĂ© de rĂ©cits de guerre. Le livre publiĂ© en support connut un durable succĂšs et survĂ©cut au cinĂ©matographe. Il Ă©tait encore vendu dans les annĂ©es 196047. ParallĂšlement Ă  ces deux sĂ©ries thĂ©rĂ©siennes, vie » et miracles », existait une sĂ©rie uniquement consacrĂ©e aux interventions pendant la guerre, preuve que ce sujet revĂȘtait un grand intĂ©rĂȘt pour le public et pour les projectionnistes eux-mĂȘmes, qui choisissaient leurs sujet dans les catalogues spĂ©cialisĂ©s de la Bonne Presse. TrĂšs certainement ce sujet permettait-il Ă  des curĂ©s anciens combattants d’attirer Ă©galement les hommes dans les salles paroissiales, et de mĂȘler d’une maniĂšre fĂ©dĂ©ratrice hĂ©roĂŻsme, saintetĂ©, merveilleux et spiritualitĂ©. Des patronages emboĂźtĂ©s 33La part de communication est donc importante dans la mĂ©moire de ce patronage spĂ©cifique. Cette mĂ©moire a Ă©tĂ© alimentĂ©e par des Ă©lĂ©ments visibles et durables, tels que les vitraux reprĂ©sentant ThĂ©rĂšse sur le champ de bataille, et l’on peut dire que, de ce point de vue, la mĂ©moire de ThĂ©rĂšse patronne des Poilus a profitĂ© des dispositifs mis en place pour pĂ©renniser, dans l’entre-deux-guerres, la mĂ©moire de la guerre, comme par exemple les tĂ©moignages d’anciens combattants ou les exhibitions d’ex-voto militaires, ainsi que les sĂ©ances de projection organisĂ©es dans les institutions religieuses ou les paroisses rurales et les restes de la surabondante propagande de guerre les objets et images pieuses rappelant la dĂ©votion de cette Ă©poque sont encore aujourd’hui trĂšs nombreux. Ces Ă©lĂ©ments ont pĂ©rennisĂ© en la modifiant la mĂ©moire de la dĂ©votion Ă  sƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus pendant la guerre. 48 [AbbĂ© LĂ©on Bourjade], Histoire de l’avion sƓur ThĂ©rĂšse 1917-1918, Bar-le-Duc, imprimerie Saint-P ... 34ThĂ©rĂšse sainte des Poilus » ne peut en effet se comprendre que dans un jeu de patronages emboĂźtĂ©s comme des poupĂ©es russes, qui visent Ă  faire d’elle, dans la perspective d’une canonisation rapide et exceptionnelle Ă  tous points de vue, la sainte patronne d’une infinitĂ© de catĂ©gories patronne du noviciat carme dĂšs la bĂ©atification, puis patronne des missions carmes, patronne des missions, patronne de la Russie, patronne du Grand Nord canadien ou encore Ă©toile » du pontificat de Pie XI. Dans cette optique, les interventions de ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus » pendant la guerre visent Ă  montrer, bien plus qu’un intĂ©rĂȘt particulier de ThĂ©rĂšse pour les Poilus, que rien de ce qui fait la douleur du monde ne la laisse indiffĂ©rente que ThĂ©rĂšse est d’actualitĂ©, qu’elle est mĂȘme moderne, comme en tĂ©moigne la protection particuliĂšre accordĂ©e Ă  des curĂ©s aviateurs, Ă  l’exemple du grilleur de saucisses » LĂ©on Bourjade, missionnaire du SacrĂ©-CƓur d’Issoudun48. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la mise en exergue, sous le pontificat de BenoĂźt XVI, de la protection des combattants, protection demeurĂ©e gravĂ©e dans les mĂ©moires grĂące au succĂšs iconographique de ce thĂšme. Notes 1 François Veuillot, Du carmel aux tranchĂ©es », La Croix, 27 septembre 1916, publiĂ© dans Antoinette Guise, ThĂ©rĂšse de Lisieux et ses miracles recompositions du surnaturel 1898-1928, thĂšse EPHE, 2006, Annexes, p. 109. 2 La rĂ©fĂ©rence Ă  la guerre est un passage obligĂ© pour toute monographie sur sainte ThĂ©rĂšse lorsqu’elle prend en compte sa postĂ©ritĂ©. Quelques exemples Mgr Laveille, Sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus, Lisieux, 1925, p. 418-422. Bernard Gouley, RĂ©mi Mauger, Emmanuelle Chevalier, ThĂ©rĂšse de Lisieux ou la grande saga d’une petite sƓur 1897-1997, Paris, Fayard, 1997, p. 75-98. Pour l’iconographie thĂ©rĂ©sienne en temps de guerre Pierre Descouvemont et Helmut-Nils Loose, ThĂ©rĂšse et Lisieux, OAA/Office central de Lisieux/Novalis/Cerf, 1991. En dehors du contexte thĂ©rĂ©sien Nadine-Josette Chaline, Pluie de roses sur les tranchĂ©es », dans Bernard Hours dir., Carmes et carmĂ©lites en France du XVIIe siĂšcle Ă  nos jours, Actes du colloque de Lyon 1997, Paris, Ă©d. du Cerf, 2001, p. 201-208. Chaline a montrĂ© la premiĂšre que la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne Ă©tait dĂ©jĂ  enracinĂ©e avant la guerre. 3 Annette Becker, La guerre et la foi. De la mort Ă  la mĂ©moire, Paris, Armand Colin, 1994. StĂ©phane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18 retrouver la guerre, Paris, Gallimard, 2000, p. 180-181. 4 Les premiĂšres informations sont donnĂ©es par les tĂ©moins convoquĂ©s lors du procĂšs romain, qui se dĂ©roula Ă  Bayeux entre 1915 et 1917. Le tĂ©moignage le plus dĂ©veloppĂ© est celui de Pauline Martin mĂšre AgnĂšs. Pauline Martin, rĂ©ponse Ă  la 57e question, f° 525. ProcĂšs de bĂ©atification et de canonisation, t. 2 ProcĂšs apostolique, Rome, Teresianum, 1976. [en ligne] Il ne s’agit pas, ici, de contester la vĂ©racitĂ© de ces chiffres de quantitĂ©s de publications et de reliques distribuĂ©es, ainsi que l’importance de la correspondance reçue. Le carmel de Lisieux a souvent donnĂ© aux chercheurs la possibilitĂ© de se faire une idĂ©e de l’ampleur des tĂ©moignages de dĂ©votion reçus durant cette pĂ©riode. Des recherches aux archives du diocĂšse et dans celles de l’Ordre des carmes, Ă  Rome, donnent des rĂ©sultats concordants. Le carmel n’a comptabilisĂ© avec prĂ©cision que les commandes livrĂ©es par l’imprimerie Saint-Paul. Les comptes sont, pour cette raison, en-deçà de la vĂ©ritĂ©, celle-ci n’ayant pu avoir d’activitĂ© rĂ©guliĂšre durant la guerre – elle Ă©tait situĂ©e Ă  Bar-le-Duc, Ă  proximitĂ© du front. En outre, de nombreuses publications ont Ă©tĂ© effectuĂ©es hors du contrĂŽle de Lisieux. Il importe simplement, comme l’a fait Annette Becker dans 14-18, retrouver la Guerre, op. cit., p. 337, n. 77 de faire le lien entre la constitution du dossier ThĂ©rĂšse et la guerre » au carmel de Lisieux et le procĂšs romain. 5 Pluie de Roses V, Bar-le-Duc, imprimerie Saint-Paul, 1920, 590 p. Ce volume contient 570 grĂąces attribuĂ©es Ă  l’intercession de ThĂ©rĂšse de Lisieux entre 1914 et 1918. La derniĂšre partie, reprĂ©sentant 40 % du total 225 rĂ©cits, intitulĂ©e Interventions de sƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus pendant la Guerre », fut Ă©galement Ă©ditĂ©e en tirĂ©-Ă -part Ă  22 000 exemplaires, sans compter les rééditions ultĂ©rieures. De mĂȘme, la moitiĂ© des rĂ©cits de Quelques miracles et interventions de sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus, publiĂ© rĂ©guliĂšrement Ă  partir de 1928, a la guerre pour théùtre. En soulignant le caractĂšre particulier de cette entreprise, comme l’a fait Nadine-Josette Chaline Du carmel aux tranchĂ©es », art. cit., il convient de souligner que, durant la Grande Guerre, on eut Ă©galement recours Ă  ThĂ©rĂšse dans les pays Ă©pargnĂ©s par le conflit ou bien, dans les pays en guerre, pour des causes sans rapport direct avec celle-ci. 6 Ces rĂ©cits font toutefois une place au tĂ©moignage d’aprĂšs-guerre ; il arrive aussi que l’on trouve, en note, la mention du devenir du soldat, qu’il soit mort au champ d’honneur ou qu’il se soit rendu Ă  Lisieux en pĂšlerinage d’action de grĂące au sortir de la guerre. 7 Annette Becker a donnĂ©, la premiĂšre, un aperçu de la multiplicitĂ© des dĂ©votions durant la guerre, mĂȘme si cet aspect avait auparavant Ă©tĂ© repĂ©rĂ© par le clergĂ©, par les folkloristes ou par des laĂŻques dĂ©plorant la revitalisation des superstitions. Les monographies tendent Ă  donner du phĂ©nomĂšne une image dĂ©formĂ©e on trouve de grandes ressemblances entre les rĂ©cits recueillis Ă  Lisieux et Ă  Montmartre, sans compter les interventions de Notre-Dame de Lourdes. Le SacrĂ©-CƓur de Montmartre s’enorgueillit de possĂ©der un ex-voto du marĂ©chal Foch, de mĂȘme que Notre-Dame du Bon-Secours en Meurthe-et-Moselle. 8 Albanais, Allemand, Anglais, Annamite Vietnamien, Arabe Égypte, ArmĂ©nien, Basque, Breton, Bulgare, Canaque Kanak, Catalan, Chinois, Cingalais, Croate, Danois, Espagnol, Flamand, GĂ©orgien, Grec, Hindi, Hollandais, Hongrois, Italien, Japonais, Latin, Maltais, Polonais, Portugais, Roumain, Russe, Slovaque, SlovĂšne, Tagal Philippines, Tamoul, Turc. Bien souvent, ce sont un opuscule de propagande et des images qui ouvrent la sĂ©rie des traductions dans une langue donnĂ©e, surtout en pays de mission. Pour une Ă©tude d’ensemble des publications thĂ©rĂ©siennes, Antoinette Guise, ThĂ©rĂšse de Lisieux et ses miracles..., op. cit. 9 Pour l’annĂ©e 1911, 189 visiteurs Ă©trangers ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, c’est-Ă -dire 6,4 % des pĂšlerins ». 35 % des visiteurs sont issus du Calvados, et parmi eux, 20 % habitent Lisieux. ACL Archives du carmel de Lisieux. 10 Sur les usages des photographies dans l’iconographie thĂ©rĂ©sienne François de Sainte-Marie, Visage de ThĂ©rĂšse de Lisieux, t. 1, Introduction et notes, Lisieux, Office Central de Lisieux, 1961, p. 39-50. Voir aussi Antoinette Guise, op. cit. 11 TĂ©moin de cette concurrence Je recueille partout des tĂ©moignages de vĂ©nĂ©ration et de confiance envers sƓur ThĂ©rĂšse. Des pĂšlerins de Lourdes, prĂȘtres de Poitiers, me disent Ă  leur retour qu’on n’y a pas constatĂ© de miracles depuis la guerre. », Ă©crit le vice-postulateur de la cause de canonisation de ThĂ©rĂšse au chancelier du diocĂšse de Bayeux, le 28 aoĂ»t 1917. Archives du diocĂšse de Bayeux et Lisieux ABL. 12 Jean-Pierre Blin, Le vitrail commĂ©moratif de la Grande Guerre. Les catholiques français et le culte du souvenir. », et Patrick Wintrebert, L’iconographie du vitrail religieux entre les deux guerres dans le Pas-de-Calais », dans Nadine-Josette Chaline dir., Le vitrail en Picardie et dans le Nord de la France, XIXe-XXe siĂšcles, Amiens, Encrage, 1997. 13 Sans minorer le fait que ThĂ©rĂšse Ă©tait fascinĂ©e par Jeanne d’Arc, et que cette parentĂ© fut abondamment soulignĂ©e durant la guerre. Mais la comparaison n’était-elle pas applicable Ă  toute jeune fille de ce siĂšcle, pour peu qu’elle fĂ»t Ă  la fois patriote et pieuse ? Jean-Yves le Naour, Claire Ferchaud. La Jeanne d’Arc de la Grande Guerre, Paris, Hachette, 2007. 14 StĂ©phane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18, retrouver la Guerre, op. cit., p. 180-181. Magali Delavenne, Une sainte des tranchĂ©es Jeanne d’Arc pendant la Grande Guerre. Catalogue de l’exposition organisĂ©e Ă  Domremy-La-Pucelle du 1er juin au 30 septembre 2008, Épinal, 2008. 15 Il n’est que de lire la longue litanie des saints français » Ă©voquĂ©s par StĂ©phen CoubĂ© dans Nos alliĂ©s du Ciel, Paris, Lethielleux, 1915. 16 Cette analyse, reprise par Nadine-Josette Chaline et d’autres, puise toujours Ă  la mĂȘme source la prĂ©face aux Interventions pendant la guerre, qui s’appuie sur quelques extraits de lettres judicieusement choisis par les carmĂ©lites de Lisieux, et repris dĂšs 1925 par les hagiographes de ThĂ©rĂšse, Mgr Laveille en tĂȘte. Un exemple Nous avons bien Jeanne d’Arc, mais la petite sƓur est plus prĂšs de nous », citĂ© par Chaline, p. 205 Interventions..., prĂ©face, p. vi. 17 Image dĂ©crite par Nadine-Josette Chaline, art. cit., p. 207, publiĂ©e en hors-texte avec d’autres documents essentiels. 18 Fin 1914, mĂšre AgnĂšs de JĂ©sus pense que la guerre fera obstacle Ă  la diffusion de la dĂ©votion, parce qu’elle entrave la circulation du courrier. MalgrĂ© la guerre, Ă©crit-elle au responsable de la Cause Ă  Rome, nous recevons prĂšs de 200 lettres par jour, 100 lettres en moyenne, c’est dire qu’il y a des offrandes. AprĂšs la guerre, je suis sĂ»re que la moyenne d’il y a quelques mois, 300 lettres et quelques fois 400 et plus, sera augmentĂ©e. » 20 dĂ©c. 1914, ACL 19 La prĂ©face Ă  Interventions... op. cit., p. vii, propose Ă  ses lecteurs des Ă©claircissements sur le point de jonction entre cette fleur du cloĂźtre et le soldat de la grande guerre », Ă  partir de l’analyse de François Veuillot dĂ©jĂ  citĂ©e. 20 Extrait d’une piĂšce de théùtre, dite rĂ©crĂ©ation pieuse » destinĂ©e Ă  ĂȘtre jouĂ©e par les novices du couvent. ThĂ©rĂšse de Lisieux, La Mission de Jeanne d’Arc ou La BergĂšre de Domremy Ă©coutant ses Voix, RP 1, 19 r°. Des fragments de ce texte avaient Ă©tĂ© publiĂ©s dans la premiĂšre Ă©dition de l’Histoire d’une Âme, puis ĂŽtĂ©s aprĂšs 1908. PremiĂšre publication intĂ©grale dans ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus, Théùtre au carmel rĂ©crĂ©ations pieuses, dans Édition critique des Ɠuvres complĂštes de sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus et de la Sainte-Face, t. 4, Paris, Ă©d. du Cerf/DDB, 1985. 21 D’aprĂšs Ms A, f° 33. ThĂ©rĂšse de Lisieux, ƒuvres complĂštes, Paris, Ă©d. du Cerf/DDB, 1992, p. 121. 22 Ces derniĂšres citations sont une synthĂšse arrangĂ©e d’extraits du Ms B, f° 2 v° et f° 4, v°, qui est un court rĂ©cit de vocation. ThĂ©rĂšse de Lisieux, op. cit., p. 224 et 228. Voir aussi Claude Langlois, Le poĂšme de septembre, lecture du Manuscrit B de ThĂ©rĂšse de Lisieux, Paris, Ă©d. du Cerf, 2002. 23 Cette guerre rĂ©vĂšle Ă  nos dĂ©fenseurs, souvent Ă  leur insu mĂȘme, et par une impression qui les pĂ©nĂštre, la nĂ©cessitĂ© de ces mĂȘmes vertus que ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus pratiqua jusqu’à l’hĂ©roĂŻsme la constance Ă  tout faire et Ă  tout souffrir en esprit de devoir... » François Veuillot, art. cit., repris dans la prĂ©face aux Interventions, p. vii. 24 François Veuillot, Du carmel aux tranchĂ©es », art. cit. ÉditĂ© par Lisieux sous forme de feuillets vendus au prix de 15 francs le mille et Ă©coulĂ©s dans les cantonnements, les tranchĂ©es et les hĂŽpitaux. Voir aussi G. Sarraute, Un soldat français ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus », Vie thĂ©rĂ©sienne, 1969, no 3 et 4. 25 Ce n’était pas la premiĂšre fois que François Veuillot crĂ©ait l’évĂ©nement en mentionnant ThĂ©rĂšse de Lisieux Ă  un moment crucial de son histoire posthume pour hĂąter l’ouverture du procĂšs diocĂ©sain, il avait Ă©voquĂ© en 1906, sous le titre Çà et lĂ , une image de la Sainte-Face [de JĂ©sus] », la figure de ThĂ©rĂšse de Lisieux en premiĂšre page de L’Univers, accompagnĂ©e d’un portrait 9 juillet 1906. PubliĂ© dans Antoinette Guise, ThĂ©rĂšse de Lisieux et ses miracles », op. cit., Annexes, p. 106-107. 26 Guillaume Cuchet, Le crĂ©puscule du purgatoire, Paris, Armand Colin, 2005. 27 Conrad De Meester, Dynamique de la confiance. GenĂšse et structure de la voie d’enfance spirituelle de sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux, Paris, Cerf, 1969, rééd. 1995, ThĂ©rĂšse et la formule “enfance spirituelle” », p. 73-80. 28 Claude Langlois, Les derniĂšres Paroles de ThĂ©rĂšse de Lisieux, Paris, Salvator, 2000, p. 131-159. 29 L’expression est employĂ©e par Mgr de Teil Ă  mĂšre AgnĂšs, 4 mars 1909, pour la rĂ©cuser. ACL. 30 Le succĂšs de ThĂ©rĂšse de Lisieux est fondĂ© sur ces deux slogans imprimĂ©s dans toutes les publications la concernant AprĂšs ma mort, je ferai tomber une pluie de roses » et Je veux passer mon ciel Ă  faire du bien sur la terre ». Ce fait a Ă©tĂ© perçu dĂšs le dĂ©part, y compris par les membres du tribunal ecclĂ©siastique chargĂ©s d’instruire la cause de canonisation Ă  partir de 1908. 31 Mgr de Teil Ă  Mgr Lemonnier, 11 juillet 1915. ABL. 32 Julie d’Andurain, Le gĂ©nĂ©ral Gouraud, un colonial dans la Grande Guerre, thĂšse, universitĂ© de Paris 4, 2009, p. 259-272. Le gĂ©nĂ©ral reçut une ou deux lettres de Mgr Lemonnier, Ă©vĂȘque de Bayeux et Lisieux, durant sa convalescence. 33 La Croix, 18 janv. 1914, Autour de la bataille de la Marne » sous-titre lettre d’un prĂȘtre-soldat de Bayeux » non signĂ©. L’article fait mention d’un vƓu Ă  SƓur ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus. 34 La Croix, 18 mars 1915 ApologĂ©tique tirĂ©e de la guerre ». Sous titre un vrai petit franc-maçon celui-lĂ ... s’est confessĂ© hier soir ». Lettre adressĂ© au journal par un prĂȘtre de l’Oranais. 35 Jean-Louis Charvet, La faute de l’abbĂ© Charvet », en ligne, [consultĂ© le 14 fĂ©vrier 2010]. Le miracle de la Marne » est toujours commĂ©morĂ© au sanctuaire de Notre-Dame de l’Épine, en Champagne, le 12 septembre, en la fĂȘte du Saint Nom de Marie et du “miracle de la Marne” ». Sur la rumeur infĂąme » d’un complot clĂ©rical mĂȘlant guerre et retour Ă  Dieu Jacques Fontana, op. cit., p. 149-159. StĂ©phane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18 retrouver la Guerre, op. cit., p. 169. Voir aussi Annette Becker, La guerre et la foi, op. cit., p. 72, sq. 36 SƓur GeneviĂšve CĂ©line Martin Ă  sƓur Françoise-ThĂ©rĂšse LĂ©onie Martin, le 4 avril 1915 Et cependant notre petite ThĂ©rĂšse travaille lĂ -bas sur le champ de bataille, chaque jour nous en recevons de nouveaux tĂ©moignages. C’est absolument merveilleux. Nous recevons aussi des tracts sur elle, dont les titres la dĂ©signent presque comme la nouvelle libĂ©ratrice de la France. HĂ©las ! Pourra-t-elle nous sauver ?... un soldat anglais l’a vue, paraĂźt-il, trois fois dans une tranchĂ©e, elle Ă©tait Ă  genoux et priait avec ferveur, elle avait l’air trĂšs triste. C’était en octobre ou novembre, peut-ĂȘtre de nouvelles expiations Ă©tant venues payer les dettes de la Patrie, elle n’est plus triste maintenant, espĂ©rons-le ! Si le moment n’est pas venu de sauver la France, elle sauve les Ăąmes sans trĂȘve ni merci. » ACL. 37 MĂšre AgnĂšs au P. Rodrigue, 19 octobre 1914. ACL. StĂ©phen CoubĂ©, dans Nos alliĂ©s du Ciel, op. cit., dĂ©veloppait l’analogie entre morts pour la France et martyrs, analogie sur laquelle est Ă©galement fondĂ©e la publication des textes thĂ©rĂ©siens. 38 MĂšre AgnĂšs de JĂ©sus au P. Rodrigue, 6 mai 1915. ACL. Mentionner la protection accordĂ©e Ă  ces religieuses belges, c’était en effet suggĂ©rer les exactions allemandes contre les populations civiles. 39 PrĂ©face Ă  Interventions..., op. cit., p. vii Et, chose curieuse, cette attirance [pour la petite ThĂ©rĂšse] se produisit non seulement dans notre armĂ©e, mais jusque chez nos adversaires. » Mgr Laveille, dans les quelques pages consacrĂ©es Ă  la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne pendant la guerre, octroie – du bout de la plume – un paragraphe Ă  la dĂ©votion de l’ennemi Bonne Française, comme sainte Jeanne d’Arc, sƓur ThĂ©rĂšse ne refuse pourtant pas sa pitiĂ© Ă  quelques catholiques qui, mĂȘme dans les rangs de l’armĂ©e allemande, l’ont invoquĂ©e. » Mgr Laveille, op. cit., p. 421 40 Nadine-Josette Chaline, art. cit., p. 208. 41 Michel LagrĂ©e, Les rĂ©pliques de la grotte de Lourdes. Suggestions pour une enquĂȘte », dans Religion et modernitĂ©. France, XIXe-XIXe siĂšcles, Rennes, PUR, 2003, p. 169-177. Selon Michel LagrĂ©e, l’essaimage de sanctuaires-rĂ©pliques paraĂźt impossible dans le cas oĂč le pĂšlerinage commĂ©more, comme c’est le cas Ă  Lisieux, une vie terrestre, sauf en cas de dissĂ©mination des reliques, gĂ©nĂ©ratrice de nouveaux lieux » p. 177. 42 C’était la premiĂšre supplique de ce genre qui parvenait au Saint-PĂšre, mais ce ne fut pas la derniĂšre. DĂ©sormais, la voie Ă©tait ouverte et les militaires du front usĂšrent trĂšs largement de ce moyen d’atteindre l’auguste prisonnier du Vatican. » Commandant M. [Pierre Mestre], La petite sainte de Lisieux, avant – pendant – aprĂšs la Guerre, Paris, Saint-Paul, 1935, p. 81. 43 Les archives du carmel de Lisieux n’ont pas gardĂ© beaucoup de traces de ces suppliques militaires deux cahiers seulement, dont l’un n’est pas terminĂ©, contenant respectivement 26 suppliques d’officiers et sous-officiers 1915-1916, et 35 1916-1919, rĂ©sultats de la collecte du commandant Mestre. Nous n’avons trouvĂ© trace des originaux ni aux Archives du Vatican, ni aux Archives de la maison gĂ©nĂ©ralice des Carmes. 44 Le pape a Ă©tĂ© fort touchĂ© de ces demandes et voudrait que cela se gĂ©nĂ©ralise dans l’armĂ©e française. Sans doute cela ne modifiera pas la procĂ©dure de canonisation mais le nombre de ces suppliques militaires serait une chose curieuse et impressionnerait fort. » Marie du SacrĂ©-CƓur Ă  sƓur Françoise-ThĂ©rĂšse, 1er novembre 1916, ACL. 45 Il organise par exemple une pĂ©tition des enfants d’Alençon, ville natale de ThĂ©rĂšse de Lisieux, en veillant Ă  ce que les carmĂ©lites de Lisieux ne se trouvent pas impliquĂ©es dans la dĂ©marche. 46 100 000 signatures britanniques furent collectĂ©es en 1919 par une bĂ©nĂ©dictine anglaise Rome, Archives de la maison gĂ©nĂ©ralice des carmes. 47 Deux livres reprenaient cette sĂ©rie le support Ă  96 tableaux..., comportant, en regard des reproductions des plaques de verres, les cantiques notĂ©s pour ĂȘtre chantĂ©s pendant la sĂ©ance. Mais aussi Quelques miracles et interventions de sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus 1928, dans lequel les cantiques ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des textes simples Ă©crits en gros caractĂšres. 48 [AbbĂ© LĂ©on Bourjade], Histoire de l’avion sƓur ThĂ©rĂšse 1917-1918, Bar-le-Duc, imprimerie Saint-Paul, 1919. Édouard Peyriller, Le pilote de sainte-ThĂ©rĂšse. Bourjade, des PĂšres du SacrĂ©-CƓur d’Issoudun, officier de la LĂ©gion d’honneur, 16 citations, 28 victoires, mort Ă  la mission de Port-LĂ©on Papouasie, Plon, Paris, 1930. Dans la Pluie de Roses, c’est le mĂ©canicien-aviateur Marius Julienne qui raconte avec verdeur les grĂąces reçues pendant la guerre. Laconfiance fait des miracles ; selon sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux - E-Book - La confiance est aussi chemin guĂ©rison intĂ©rieure comme ThĂ©rĂšse l'a expĂ©rimentĂ© pour elle-mĂȘme au coeur de sa fragilitĂ©. Cette confiance thĂ©rĂ©sienne transforme la personne humaine lorsqu'elle se met Ă  l'Ă©cole de la grĂące, en l'accueillant de Dieu et en rĂ©pondant amour pour amour par le don de soi TĂ©lĂ©charger PDF Lire en ligneMichel Pascal chanteur et metteur en scĂšne pseudonyme individuel . Histoire d'une Ăąme Auteur adaptĂ© ThĂ©rĂšse de l'Enfant-JĂ©sus sainte, 1873-1897 A travers, une sĂ©rie d'entretiens, Michel PASCAL nous emmĂšne en voyage de théùtre " Histoire d'une Ăąme " d'aprĂšs l'Ɠuvre de Sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux, Informations sur Histoire d'une Ăąme Sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux 9782917146200 de Michel Pascal et sur le rayon saints Marie, La Procure. Michel Pascal est un acteur, rĂ©alisateur et scĂ©nariste français. plus grande sainte des temps modernes, son autobiographie Histoire d'une Ăąme, vendue Ă  500 Retrouvez Les Miracles de Sainte ThĂ©rĂšse et des millions de livres en stock sur L'Ă©tonnant secret des Ăąmes du purgatoire. Histoire d'une Ăąme BrochĂ©. Michel Pascal est un aventurier artistique, au parcours aussi riche qu'atypique. Sa derniĂšre piĂšce Histoire d'une Ăąme Ste ThĂ©rĂšse de Lisieux, interprĂ©tĂ©e par Le magnifique exemplaire de l'Histoire d'une ame qui m'avait Ă©tĂ© adressĂ© pour ĂȘtre . AbbĂ© des PrĂ©montrĂ©s de Saint-Michel de Frigolet Bouches-du-RhĂŽne[2]. Aux jours si lumineux du temps pascal, JĂ©sus me fit comprendre qu'il y a Histoire d'une Ăąme est un livre combinant les rĂ©cits autobiographiques de sainte ThĂ©rĂšse de .. En 2010, Michel Pascal Ă©crit une adaptation théùtrale du texte. Estelle & Michel Pascal se sont plongĂ©s dans les centaines de tĂ©moignages, un livre fait revivre les miracles de la plus grande sainte des temps modernes. Chacun veut nous redonner confiance, " dilater notre Ăąme ". Histoire d'une Ăąme
ThĂ©rĂšsede l’Enfant-JĂ©sus, carmĂ©lite de Lisieux (1873-1897), est la sainte catholique la plus populaire du XXe siĂšcle. Sa notoriĂ©tĂ© fulgurante, fondĂ©e sur le succĂšs d’un livre posthume, Histoire d’une Ăąme (1898), sans cesse rééditĂ© depuis, doit aussi beaucoup Ă  une rĂ©putation de sainte Ă  miracles.
ThĂ©rĂšse Martin Ă  15 ans Une amie d’enfance Qu’y a-t-il de commun entre ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus, jeune bourgeoise entrĂ©e au Carmel de Lisieux Ă  15 ans et morte Ă  24 ans dans ce mĂȘme Carmel aprĂšs y avoir vĂ©cu une vie toute simple, et le PĂšre Marie-EugĂšne de l’Enfant-JĂ©sus qui, issu d’une modeste famille aveyronnaise, exercera dans l’Ordre du Carmel d’importantes responsabilitĂ©s, sera amenĂ© Ă  parcourir les continents, et fondera l’Institut Notre Dame de Vie ? Quelle intuition spirituelle poussera le PĂšre Marie-EugĂšne Ă  compter ThĂ©rĂšse parmi les plus grands maĂźtres spirituels de l’Église » ? Pourquoi MĂšre AgnĂšs, la sƓur de ThĂ©rĂšse a-t-elle pu dire Je n’ai jamais vu une Ăąme qui ressemble autant Ă  ma petite sƓur que le PĂšre Marie-EugĂšne » ? Henri Grialou a connu ThĂ©rĂšse de l’Enfant JĂ©sus dĂšs son enfance, au petit sĂ©minaire. Il lit La Rose EffeuillĂ©e, un petit livre de rien du tout » selon lui, et gardera toujours ce livre avec lui, mĂȘme lorsqu’il partira Ă  la guerre 1914-1918. Aucun livre n’a jamais fait tant d’impression sur moi que celui-lĂ . Je ne trouve pas de mots pour l’exprimer. C’est admirable ! » Pendant les campagnes militaires, Henri expĂ©rimente la puissante protection de celle qu’il appelle son amie d’enfance ». Toutefois, plus que les miracles extĂ©rieurs, ce sont les merveilles que ThĂ©rĂšse opĂšre dans les Ăąmes qui impressionnent le jeune prĂȘtre. A l’occasion de la bĂ©atification de ThĂ©rĂšse, le 29 avril 1923, il confiera Personnellement, j’ai l’impression que c’est un des plus beaux jours de ma vie. Peut-ĂȘtre ai-je priĂ© pour la glorification de la petite sƓur ThĂ©rĂšse plus que pour n’importe quelle autre intention. ThĂ©rĂšse doit, me semble-t-il, rĂ©pandre encore des flots d’amour divin sur le monde ». La voie d’enfance Le PĂšre Marie-EugĂšne diffusera inlassablement, dans des milieux trĂšs divers, la doctrine spirituelle de ThĂ©rĂšse Elle est surtout pour nous une maĂźtresse spirituelle modestement mais avec sĂ»retĂ© elle nous a enseignĂ© sa petite voie », nous a appris la confiance, nous a appris l’abandon, aprĂšs nous avoir rĂ©vĂ©lĂ© quelque chose de ce qu’elle a dĂ©couvert elle-mĂȘme en la TrinitĂ© Sainte, Ă  savoir ce foyer brĂ»lant d’amour qu’est l’Amour substantiel, qu’est l’Esprit Saint ». Qu’est-elle, cette petite voie » ? Plus on est faible, sans dĂ©sirs ni vertus, plus on est propre aux opĂ©rations de l’amour consumant et transformant », Ă©crit ThĂ©rĂšse. Le PĂšre Marie-EugĂšne commente ainsi La petitesse, sur tous les plans, est l’aptitude Ă  recevoir Dieu
 Le spirituel s’incarne dans le petit. Dieu accorde ses faveurs aux simples et aux petits
 Si nous voulons attirer la grĂące, dĂ©veloppons l’humilitĂ© ». DĂšs lors apparaĂźt la relation profonde entre la saintetĂ© et la pauvretĂ© totalement acceptĂ©e Quand l’ñme est complĂštement pauvre, explique le PĂšre Marie-EugĂšne, elle va vers Dieu, et Dieu se prĂ©cipite vers elle », chargĂ© de la richesse de ses dons. La saintetĂ© consiste en un Ă©tat de pauvretĂ© telle qu’à tout instant on soit obligĂ© de tout demander Ă  l’Esprit Saint ». C’est l’attitude de l’enfant qui s’abandonne, confiant, dans les bras de ses parents. La petite voie de ThĂ©rĂšse, appelĂ©e aussi enfance spirituelle, n’est pas une voie rĂ©servĂ©e aux parfaits, prĂ©cise le PĂšre. La voie d’enfance s’ouvre devant toutes les Ăąmes ». Parole de Dieu pour notre temps Dans une de ses confĂ©rences, le PĂšre Marie-EugĂšne s’adresse ainsi Ă  ThĂ©rĂšse Vous ĂȘtes venue, parole de Dieu pour notre siĂšcle, parole de Dieu pour les humbles et les petits, parole de Dieu pour les grands et les vaillants, parole de Dieu pour les cloĂźtres et les boulevards
 Parole actuelle, et combien universelle ! ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus Écoutons encore le PĂšre Marie-EugĂšne A notre civilisation raffinĂ©e et blasĂ©e qui a perdu le sens de l’infini et qui en souffre, Dieu a envoyĂ© une enfant qui, avec les charmes et la puretĂ© lumineuse de sa simplicitĂ©, redit le message Ă©ternel de son amour, Ă  savoir qu’il nous a créés par amour, que son amour reste vivant, qu’il est plus ardent encore Ă  cause de nos abandons, qu’il attend que nous l’aimions comme des enfants, que nous nous laissions aimer comme de tout petits enfants. C’est par la priĂšre que ThĂ©rĂšse prend contact avec l’amour de Dieu et, s’unissant Ă  lui, le reçoit en plĂ©nitude, et c’est cette priĂšre que le PĂšre Marie-EugĂšne a enseignĂ©e tout au long de sa vie. Par l’Institut Notre Dame de Vie, il a voulu que des hommes et des femmes, consacrant quotidiennement deux heures Ă  l’oraison, tĂ©moignent dans tous les milieux sociaux de l’amour particulier de Dieu pour chaque personne. Le PĂšre Marie-EugĂšne, tout comme ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus, a une profonde connaissance de l’amour de Dieu, plus spĂ©cialement encore de l’amour misĂ©ricordieux, de l’amour gratuit qui se penche vers l’homme, si misĂ©rable et si blessĂ© soit-il, pour panser ses blessures, le soulager et le relever. Cet amour n’a d’autre horizon que l’Eglise, le Corps mystique du Christ. ThĂ©rĂšse l’a bien compris, qui s’écrie Je suis l’enfant de l’Eglise ». A sa suite, le PĂšre Marie-EugĂšne dĂ©clarera Il n’y a qu’une rĂ©alitĂ© qui soit le but de notre vie, c’est Dieu, c’est le Christ JĂ©sus, c’est l’Eglise ».
Unmiracle de St Joseph. En mars 1873, ZĂ©lie croit la derniĂšre heure de sa petite ThĂ©rĂšse arrivĂ©e. DĂ©vastĂ©e, elle s’en remet, avec une ardente confiance mĂȘlĂ©e de larmes, Ă  l’intercession de St Joseph. « Ma petite fille allait de plus en plus mal. Lundi dernier, j’ai envoyĂ© chercher un autre mĂ©decin, M. Belloc. des histoires vraies basĂ©es sur des certificats mĂ©dicaux et des dĂ©positions officielles de Djana, Michel Pascal chez Rocher Collections Documents Paru le 25/11/2004 BrochĂ© 233 pages Tout public € Disponible - ExpĂ©diĂ© sous 5 jours ouvrĂ©s Ajouter au panier Frais de livraison Donner votre avis sur ce livre Ajouter Ă  votre liste d'envie QuatriĂšme de couvertureRecueil de tĂ©moignages par lesquels ont Ă©tĂ© constatĂ©s des miracles liĂ©s Ă  sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux. Avis des lecteurs Soyez le premier Ă  donner votre avis
\n\n témoignages des miracles de sainte thérÚse de lisieux
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